Ces derniers mois les entrepreneurs ont été soumis à un véritable ascenseur émotionnel. Pour certains faire du business fut même difficile à gérer dans les relations aux autres membres.
Gyslaine GAUTHIER, experte de l’accompagnement du dirigeant et nous livre son analyse.
Dans l’Évangile, Lazare ressuscite, mais autour de lui tout a changé. Le monde semble plus menaçant, plus agressif : les autres ne le voient pas, ne le comprennent pas et se détournent. En réalité, c’est lui qui a changé.
Le syndrome de Lazare est ce dérèglement relationnel prolongé entre une personne qui a traversé une épreuve traumatique et l’environnement familial et professionnel qu’elle retrouve ensuite ; ce dérèglement pouvant entraîner des symptômes posttraumatiques, aussi bien psychologiques que physiques (insomnies ou cauchemars, douleurs somatiques, hypersensibilité, rumination, problèmes de concentration…)
Cette déstabilisation fait référence, selon les contextes, à des personnes très diverses : celles qui ont survécu là où d’autres n’ont pas eu cette chance, mais aussi celles qui sont passées entre les gouttes lors d’un plan de licenciement…ou celles qui ont augmenté leur chiffre d’affaire en pleine crise covid (vous voyez où je veux en venir ?)
« Pourquoi pas moi ? En quoi suis-je meilleur que ceux qui y ont laissé leur peau ? Comment me montrer digne de cette chance ? »
Être encore « en vie » après un traumatisme peut susciter une lourde culpabilité, une certitude d’être incompris, voire une honte, ce qui explique pourquoi les survivants de la Shoah aient mis tant d’années à témoigner : quand on a eu à la fois une telle malchance d’être confronté à des événements indicibles et une telle chance d’en revenir, comment se sentir comme les autres ?
Dans le contexte sanitaire actuel, le focus est mis sur les entreprises en difficulté et sur le drame économique, social et humain qu’elles vivent. Tous les moyens disponibles sont orientés vers elles.
Mais si nous parlions de celles qui, apparemment, s’en sortent (économiquement de façon certaine) A priori, c’est un événement heureux. Seulement voilà… Et si ça n’était pas toujours le cas ? Et si la réussite marquait, au contraire, l’éclosion d’une souffrance ?
Le traumatisme de la sortie de crise
Et si la sortie de crise marquait pour certains un fort impact psychologique, parfois de l’ordre du traumatisme, engendrant culpabilité, voire honte de s’en être sorties alors que tant d’autres ont échoué, car oui, la réussite peut aussi avoir des effets délétères sur notre fonctionnement psychique.
La souffrance du dirigeant concerne également la prise en compte événements à priori positifs (selon le sens commun) mais vécus comme un frein dans les relations sociales
La souffrance est double : honte et culpabilité de s’en être sorti ; mais aussi honte et culpabilité d’être dans cet état après une telle réussite !
Un certain nombre d’auteurs compare les manifestations du syndrome de Lazare à celles d’une « réaction de sevrage ». Sevrage d’adrénaline, de soutien affectif, d’attention…on peut parler alors de bénéfices psychiques secondaires (sorte de compensation sociale de son effort), de telle sorte que la personne concernée puisse être amené, inconsciemment, à entretenir et à prolonger cet état.
Mais l’annonce de la sortie de crise signe la fin des compensations. Peu à peu, il n’y a plus lieu qu’on s’inquiète autant pour lui. La situation justifie de moins en moins d’attention privilégiés.
Alors comment faire ?
C’est en mobilisant les ressources psychiques et affectives, que l’on peut parvenir à dépasser la souffrance, voir même la transcender. Se donner le temps d’accepter sa différence et surtout se questionner sur ses besoins profonds que révèlent un syndrome de Lazare.
Gyslaine GAUTHIER | H comme Humain, est membre du groupe BNI ANGOULÊME Business Dream. Elle a animé un groupe de parole hebdomadaire pour les membres de la région BNI Terre Atlantique pendant le confinement ainsi qu’un wébinaire sur la Communication non violente.
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